Lorsque j'étais petite fille, j'avais une jolie
chatte appelée Punkin parce qu'elle était rousse (jeu sur pumpkin,
"citrouille"). C'était une si gentille petite chatte ! Nous avions inventé
un jeu auquel nous jouions ensemble. Après que ma mère m'avait couchée et avait
fermé la porte, Punkin venait gratter sous la porte comme si elle essayait
d'entrer. Aussitôt je sautais du lit et tentais d'attraper sa patte. Elle la
retirait et glissait l'autre patte. Oh ! Comme nous nous amusions bien ! Nous ne
nous somme jamais fait prendre. Nous avons continué à jouer ainsi tandis que je
grandissais.
Punkin et moi restâmes des conspiratrice pendant de
nombreuses années. Puis elle mourut et je partis pour le centre de formation
pédagogique, ou l'école normale comme on disait alors. L'enseignement en ce
temps-là était le seul travail respectable pour une jeune fille. Les étudiantes
vivaient dans des dortoirs et c'est là que le premier incident étrange se
produisit.
Je m'éveillai au milieu de la nuit et j'entendis le
grattement familier sous la porte. Comment était-ce possible ? Punkin était
morte et enterrée sous un gros chêne. Puis je sentis une odeur de fumée. Je
sautai de mon lit en alertant ma plus proche voisine et en criant : "L'immeuble
brûle !" Mes compagnes et moi, nous courûmes dans le couloir en chemise de nuit
en frappant aux portes et en continuant à crier "au feu !"
Les pompiers arrivèrent et éteignirent l'incendie à
l'aide de seaux d'eau. Je reçus des félicitations publiques pour avoir détecté
le danger et réveillé mes compagnes. Imaginez mon émotion ! Je ne soufflai pas
mot de Punkin, naturellement. On se serait moqué de moi.
Je n'ai jamais parlé de Punkin à personne. Pas même à
mon mari. Nous vivions dans notre ferme confortable où nous élevions notre
famille. Puis, par une nuit de grand vent, je m'éveillai à nouveau en entendant
gratter sous la porte. J'alertai mon mari qui sauta hors du lit en me criant :
- Conduis les enfants au sous-sol !
C'était une tornade ! Le toit de la maison fut
emporté, mais la famille était saine et sauve. Bien entendu, je ne soufflai pas
mot de Punkin.
Il y eut une autre fois encore... quand un voleur
s'introduisit dans la maison... mais je commence à être fatiguée...
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