Pour plaire au jeune
prince à qui la Renommée
Destine un temple en mes écrits,
Comment composerai-je une fable nommée
Le Chat et la Souris ?
Dois-je représenter dans
ces vers une belle
Qui, douce en apparence, et toutefois cruelle,
Va se jouant des cœurs que ses charmes ont prix,
Comme le Chat de la Souris ?
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Prendrai-je pour sujet les
jeux de la Fortune ?
Rien ne lui convient mieux : et c'est chose commune
Que de lui voir traiter ceux qu'on croit ses amis,
Comme le Chat fait la Souris.
Introduirai-je un roi
qu'entre ses favoris
Elle respecte seule, roi qui fixe sa roue,
Qui n'est point empêché d'un monde d'ennemis,
Et qui des plus puissants, quand il lui plaît, se joue,
Comme le Chat de la Souris ?
Mais insensiblement, dans
le tour que j'ai pris,
Mon dessein se rencontrer ; et, si je ne m'abuse,
Je pourrais tout gâter par de plus longs récits :
Le jeune prince alors se jouerait de ma Muse,
Comme le Chat de la Souris
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