Le Petit Chat désobéissant
ne petite
fille avait un petit chat très gentil, mais qui n’en faisait
qu’à sa tête. Il suffisait qu’on lui dise :
« Ne fais pas ça »
pour qu’il le fasse. Un jour qu’il se promenait dans le jardin,
la petite fille lui dit :
- Surtout
reste près de la maison, sinon tu vas te perdre.
Le
portail était ouvert ; le chaton glissa un œil dehors, puis une
patte. Et le voilà parti, tout fier, trottinant vers la forêt.
« Que de belles chose à voir ! se disait-il. C’est beaucoup plus
amusant que le jardin. »
l s’amusa
à gambader, à faire rouler les pommes de pin, à guetter les
petits oiseaux, à jouer au tigre dans la jungle. Tout à coup, il
se rendit compte qu’il faisait noir et que les oiseaux ne
chantaient plus : la nuit était tombée. Comment retrouver le
chemin de la maison ? Dans l’ombre, tous les arbres se
ressemblaient. Il s’assit sur son derrière et se mit à pleurer.
- Pourquoi
pleures-tu ? fit une petite voix.
C’était un
jeune lapin qui passait par là.
- Je suis
perdu ! dit le chaton en sanglotant.
- Viens
chez moi. Maman m’attend, dépêchons-nous.
Ils
partirent en courant. Arrivés au terrier, le lapereau dit :
Tu cours
drôlement vite, et qu’est-ce que tu sautes bien !
Tu es le
plus rapide de tous les petits lapins que je connais !
uis il dit
à sa maman, avec un sourire malin :
- J’ai
trouvé un bébé lapin perdu dans le bois et je l’ai amené.
- Tu as
bien fait. Venez vite manger.
Elle avait
préparé une belle salade. Le lapereau se régala, mais le chaton
se remit à pleurer.
- Tu
n’aimes pas la salade ? demanda le lapin.
- Non, je
n’en ai jamais mangé.
Entendant
les pleurs, la maman s’approcha et s’écria :
- Mais tu
n’es pas un lapin !
Toute la
famille entoura le jeune invité. La vieille grand-mère l’examina
et dit :
- Je parie
que tu grimpes aux arbres !
-Bien sûr !
- Qui
est-ce qui grimpe aux arbres ? Pas les lapins, mais les
écureuils ! Regardez, une longue queue, de petites oreilles :
c’est un bébé écureuil.
- Eh bien,
je vais te ramener dans ta famille, dit le papa lapin. Suis-moi.
Il le
conduisit au pied d’un arbre et appela :
- Hou,
hou ! Monsieur Casse-noisettes !
J’ai près
de moi un bébé écureuil qui est perdu.
- Dites-lui
de monter.
e chaton,
qui n’en avait pas encore l’habitude, mit beaucoup de temps pour
arriver en haut du tronc. Il se glissa dans le trou où monsieur
Casse-noisettes était en train de ranger ses provisions pour
l’hiver.
- Ne te
gêne pas, mange ! dit l’écureuil sans le regarder. Nous
chercherons tes parents demain. Le petit chat avait très faim,
mais n’arrivait pas à casser les noisettes. Fâché, il les
éparpilla d’un coup de patte.
- Qu’est-ce
que c’est que ces manières ? On ne jette pas la nourriture !
cria monsieur Casse-noisettes en se retournant.

l leva la patte pour donner
une correction au chaton, mais s’arrêta
étonné :
- Mais tu
n’es pas un écureuil ! Qui es-tu ?
- Je ne
sais pas qui je suis. Mais j’ai faim.
- Ne pleure
pas. Qu’est-ce que tu veux manger ? Des pommes de pin, des
champignons ?
- Je
voudrais une souris.
- Une
souris ! s’exclama l’écureuil. Pourquoi es-tu venu ici ? Il
fallait le dire tout de suite que tu étais un hérisson ! Viens
avec moi !

’écureuil
amena le chaton chez madame Hérisson.
- Madame
Hérisson, je vous amène un bébé hérisson qui s’est perdu dans le
bois.
Madame
Hérisson était couchée près de ses enfants et dit sans se
retourner :
- Va vite
manger, il reste une souris. Puis viens te coucher.
Le chaton,
tout content, croqua la souris, puis courut se blottir contre
les petits hérissons.
- Aïe, vous
m’avez piqué ! cria-t-il en sautant hors du nid
Madame
Hérisson examina le petit chat.
- Tu n’es
pas un hérisson. Tu n’as rien à faire ici !
Le chaton,
tout seul dans la forêt noire, criait désespérément :
- Miaou !
Miaou !
ne
chouette qui passait par là l’entendit et vint se poser près de
lui.
- En voilà
du bruit pour un si petit chat !
- Un petit
chat ! Alors je suis un petit chat ?
- Bien sûr.
Je sais aussi que tu habites dans la maison qui est à l’orée du
bois, près de la route. Viens.
Le chaton
suivit la chouette jusqu’à la maison.
- Mais oui,
je suis chez moi ! s’écria-t-il en reconnaissant le portail et
le jardin.

a petite fille l’entendit miauler et vint le chercher. Blotti
bien au chaud dans ses bras, il se promit de ne plus jamais
se promener tout seul dans la forêt.
Adaptation d’un conte russe – Illustration de Véronik Frossard
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